Les ostréiculteurs qui ont déjà payé un lourd tribut lors du passage de la tempête Xynthia qui a détruit de nombreuses installations ont encaissé un nouveau choc, hier, vendredi 19 mars 2010 en fin de journée. En effet, dans le cadre de la surveillance des zones de production d'huîtres, l'Ifremer a constaté que le taux d'une toxine amnésiante produite par des algues planctoniques microscopiques était très supérieur au seuil réglementaire. Cette toxine peut provoquer chez l'homme une intoxication amnésique dite "ASP" pour Amnesic Shellfish Poisoning. Elle touche les coquillages bivalves, dont les deux coquilles sont reliées par une charnière. À cette saison, ce sont principalement les huîtres qui sont concernées, la saison des moules n'ayant pas encore débuté dans notre région. La toxine peut aussi contaminer les pétoncles, coques, palourdes, couteaux...
Arrêté préfectoral : Henri Masse, préfet de Charente-Maritime a pris dès vendredi 19 mars un arrêté pour interdire la consommation des coquillages provenant du littoral charentais et la préfecture de Vendée a fait de même pour les zones du Perthuis Breton et de la Baie de L'Aiguillon du sud du département. "L'objectif de l'interdiction ont rappelé les pouvoirs publics est d'assurer la protection du consommateur. Les premiers symptômes, de type gastro-intestinal, vomissements, diarrhées, nausées, surviennent dans un délai de 2 à 24 heures après la consommation de coquillages contaminés. Entre 24 et 48h, ils sont d'ordre neurologique : maux de tête persistants, désorientation et une confusion. Ce type d'intoxication atteint surtout les enfants et les personnes âgées. Bien entendu, les personnes qui ont consommé des huîtres ou des coquillages bivalves et qui présentent de tels symptômes doivent consulter leur médecin très rapidement.
Comme le principe de précaution s'applique pour les particuliers, la pêche à pied de loisir est aussi interdite. Pour les professionnels, l'interdiction porte sur le ramassage, l'expédition, le pompage de l'eau de mer à des fins conchylicoles et bien entendu la commercialisation. Elle sera levée lorsque les nouvelles analyses de l'Ifremer seront satisfaisantes, c'est-à-dire après deux analyses attestant que la toxine incriminée est revenue sous le seuil réglementaire.
Toute la chaîne du producteur au consommateur s'est mobilisée pour retirer du marché les produits concernés. Les ostréiculteurs ont réagi immédiatement pour stopper les expéditions importantes à la veille du week-end et arrêter les camions déjà sur les routes. Ils ont annulé les livraisons prévues chez les détaillants et les restaurateurs et renoncé à la vente directe sur les marchés, ce qui représente un nouveau manque à gagner qui vient alourdir les pertes déjà enregistrées par la profession. Les acteurs de la filière ont tenu une première réunion de crise vendredi 19 février à 18h au siège de la section conchylicole régionale à Marennes avec le préfet. Dominique Bussereau, président du Conseil général de Charente-Maritime y assistait pour marquer sa solidarité. Il a également modifié son agenda de la journée pour rencontrer samedi 20 mars des ostréiculteurs à La Tremblade.
Si le lien direct avec la tempête du 28 février n'est pas encore fait, la zone littorale concernée par la présence de ce taux anormalement élevé de toxine amnésiante est la même que celle sinistrée par Xynthia, du Sud Vendée à Marennes en Charente-Mariime. Cette concentration est exceptionnelle pour cette toxine qui est différente de celle qui avait touchée par exemple les huîtres du bassin d'Arcachon. Des recherches permettront de déterminer si l'écosystème marin du littoral a été modifié après le passage de Xynthia, notamment en raison des dégâts sur de nombreuses installations.
Réagir : contacter C.S - N.M - ubacto | Publié le : 20-Mar-2010 | page précédente
Les adresses & liens sponsorisés
en images : photos Flyers