Grandperret refait son cinéma ! de Marc Jouanny. Faux making off et vrai documentaire de création, l'histoire de ce film fait la preuve par l'exemple de l'existence de "la filière audiovisuelle" picto-charentaise. Le dernier long-métrage de Patrick Grandperret Meurtrières, prix du jury de la sélection "un certain regard" au Festival de Cannes 2006 a été tourné en six semaines entre septembre et octobre 2005 dans l'île de Ré et à La Rochelle.
Rochelais, Denis Gougeon, le régisseur général du tournage doit remplacer au pied levé le réalisateur qui devait tourner le making off du film. Il contacte Marc Jouanny, vidéaste également basé dans la cité rochelaise. Brève rencontre avec Grandperret, le courant passe. Les deux hommes ont un caractère bien trempé. Marc se lance dans l'aventure à la condition de pouvoir faire ce qu'il veut. Le film de 70 minutes qu'il a réalisé à partir des 40 heures mises en boîte pendant le tournage a séduit Grandperret, ce qui n'était pas gagné d'avance. Le réalisateur estime que cette restitution de tournage, vivante et sans concession est un vrai travail de cinéaste.
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DR - Marc Jouanny, vidéaste
Metteur en scène exigeant, formé à l'école de Maurice Pialat, Patrick Grandperret dirige ses acteurs comme les techniciens avec une détermination qui peut aller jusqu'à la colère et la férocité. Marc Jouanny n'a pas occulté cette facette du personnage même s'il assure que Grandperret est un bon gars... Qui a du caractère. "Il est juste, cohérent face à ses exigence, précise-t-il. J'avais beaucoup aimé son film Lola et moi. Après le tournage, l'actrice principale est restée fâchée avec lui pendant des années. Le plus souvent, c'est quelqu'un de sympa. D'ailleurs, il travaille avec la même équipe depuis vingt ans : techniciens, montage, premier assistant... Un peu comme une grande famille.""Bonus" offert aux spectateurs lors de la parution du Dvd d'un long-métrage, à la base, le making off est un travail de commande au format convenu. Marc Jouanny a décidé de faire autrement. Pas de décryptages techniques, pas d'explications pré scénarisées, ni d'interviews programmées ; à l'exception d'un entretien entre Grandperret et un journaliste, échanges croqués sur le vif le premier jour de tournage... Juste un homme, seul avec sa caméra, qui veut avant tout se faire oublier, se fondre dans les décors jusqu'à en devenir transparent. Marc n'a pas tissé des relations particulières avec l'équipe. Il n'a pas discuté avec les actrices entre deux prises. Au final, son making off est un "vrai-faux" qui s'inscrit, parce qu'il porte un regard personnel sur le processus de création, sur la personnalité contrastée et entière d'un réalisateur dans la famille des documentaires de création.
Marc Jouanny a présenté son "Grandperret refait son cinéma" au comité de la compétition internationale des Escales Documentaires de La Rochelle. Si le film ne fait pas partie de la sélection officielle 2006, les festivaliers pourront le découvrir grâce à la projection des "Jeudis du documentaire de Charente-Maritime", jeudi 9 novembre à La Rochelle. Un événement rare, d'abord pour la qualité de la diffusion sur grand écran et aussi pour le format dans sa version de 70 minutes, sûrement un peu plus longue que celle qui sera intégrée dans le Dvd de Meurtrières.
Pratique
2e Jeudi du documentaire de Charente-Maritime, le 9 novembre au cinéma Dragon à La Rochelle. À 18h Aufredi au c½ur de l 'Aunis du XIIe siècle. À 20h Grandperret refait son cinéma ! Entrée libre sur réservation, au plus vite au 05 49 88 82 62 (ou 64).
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Réagir : contacter N.M - ubacto | Publié le : 08-Nov-2006 | page précédente